Environnement : Glyphosate : victoire ou défaite ?

Glyphosate : Victoire ou Défaite ?

Message de Mika Leandro, de WeMove.EU

C’est une semaine pas comme les autres. Depuis deux ans, une grande partie de notre énergie était concentrée sur un objectif : empêcher Monsanto de renouveler pour 15 ans sa licence de commercialisation du glyphosate sur le marché européen. Et nous l’avons fait !

… mais nous n’avons pas eu tout ce que nous voulions. Au lieu d’interdire totalement le glyphosate, une mesure pour laquelle nous nous sommes longuement et ardemment battus, les pays européens ont, ce lundi, voté de manière inattendue pour un renouvellement de cinq ans de l’herbicide toxique [1]. Le glyphosate restera donc dans les rayonnages des magasins et continuera d’empoisonner nos aliments. Mais plus pour longtemps, car nous allons continuer à nous battre !

Quel peut-être notre état d’esprit en ce jour ? Avons-nous gagné ou bien perdu ? Est-ce simplement un contretemps et devons-nous déjà préparer les prochaines batailles ? Il est parfois difficile de distinguer la joie et la tristesse, mais une chose est certaine : nous sommes immensément fiers de notre communauté, car ensemble nous avons réussi quelque chose de vraiment spécial.

Nous avons mis cet herbicide peu connu mais mortel sous les feux de la rampe et nous avons bouleversé l’agenda européen. Nous avons dérangé les habitudes du lobby des pesticides et fait de la procédure de renouvellement une bataille difficile alors que Monsanto pensait s’en sortir sans effort. Nous avons obligé Monsanto à revoir ses plans car si la firme veut continuer à vendre son herbicide en Europe, elle doit maintenant déposer un nouveau dossier dans deux ans, et non pas dans douze ans.

Il y a deux ans, lorsque nous avons démarré notre bataille contre le glyphosate, la Suède était notre seul allié. Et c’est grâce au travail acharné de notre communauté et des partenaires de notre coalition, que nous sommes parvenus là où nous sommes aujourd’hui : 9 pays ont voté contre le renouvellement de la licence du glyphosate et seul un choquant revirement de dernière minute de la part de l’Allemagne, qui a voté oui au lieu de s’abstenir comme prévu, a donné à Monsanto le « oui » qu’elle voulait [2]. Mais voici le meilleur : immédiatement après le vote, la France et l’Italie – deux des plus grands usagers de pesticides en Europe – ont promis d’interdire le glyphosate d’ici trois ans [3] !

Ensemble, nous avons signé le début de la fin pour le glyphosate en Europe, et nous avons remis en question tout le système agricole fondé sur les pesticides. Et ce n’est que le début ! Car avec votre soutien, votre mobilisation et votre modeste don mensuel, notre communauté pourra maintenir le combat jusqu’à ce que nous puissions dire adieu pour de bon au glyphosate.

Nous venons de construire les fondations d’un vrai changement, car notre campagne va bien plus loin que la seule interdiction d’un pesticide toxique. Ce dont l’UE et ses citoyens ont vraiment besoin, c’est d’une réforme des modalités d’autorisation d’exploitation des pesticides. Pas plus tard que la semaine prochaine, nous rencontrerons ainsi la Commission européenne et nous continuerons à mettre la pression sur les décideurs pour que toutes les décisions soient prises sur la base de recherches scientifiques indépendantes – et non pas selon les intérêts des lobbys.

Nous avons encore tant à faire, mais chaque victoire est aussi l’occasion de respirer profondément, et de regarder en arrière pour mesurer les progrès accomplis. Et rien de tout cela n’aurait été possible sans l’alliance que nous avons formée avec des organisations partenaires venues de toute l’Europe [4], sans la mobilisation et le dévouement des incroyables membres de notre communauté – ni sans le puissant mouvement pour un avenir sans pesticides que nous avons conçu ensemble. À chaque étape, à chaque signature de pétition, à chaque participation à l’initiative citoyenne européenne, à chaque coup de fil et à chaque lettre envoyée aux ministres, vous nous avez aidés à arriver là où nous en sommes aujourd’hui.

Comment savons-nous si notre campagne a été un succès ? Difficile à dire. Ce que nous savons, c’est que ce que nous avons accompli est la combinaison de milliers et de milliers d’actions individuelles réalisées par chacun d’entre nous. Regardons d’un peu plus près ce que nous avons fait ensemble :

Notre ICE, signée par plus de 1,3 million de personnes, a été la plus rapide de l’histoire. En une seule journée d’action, nous avons collecté plus de 100 000 signatures au cours de 6 000 événements organisés partout en Europe. L’ICE a montré l’étendue du soutien citoyen à l’interdiction du glyphosate et a donné une reconnaissance officielle à notre mouvement : nous avons rencontré la Commission et avons été invités à une audience publique au Parlement européen, où nous avons donné des preuves de la nocivité du glyphosate [5]. Le Parlement européen a même voté pour soutenir nos revendications. Mais malheureusement, son vote n’est pas contraignant [6].

À chaque rencontre entre experts et décideurs à Bruxelles, nous étions là aussi pour montrer que les citoyens européens veulent bannir le glyphosate. Avec des bannières et des pancartes, nous avons illustré les répercussions dévastatrices du glyphosate. Avec nos partenaires, nous avons donné une voix aux victimes, mis en avant des alternatives et même déposé plainte auprès des procureurs partout dans l’UE.

Nous avons exposé au grand public les noms de l’industrie des pesticides… et ils n’en avaient pas l’habitude ! Nous avons dénoncé leurs études biaisées et nous les avons soumis à plus de contrôle de la part des autorités. Les lobbyistes de Monsanto ont été interdits d’entrée au Parlement européen pour avoir refusé de se présenter à une audience sur la falsification de preuves scientifiques [7] !

Nous avons touché Monsanto et l’industrie des pesticides là où ça fait mal. Nous leur avons montré que les peuples d’Europe peuvent avoir un impact sur les prises de décisions politiques, même s’il s’agit des procédures européennes les plus obscures. Le renouvellement du glyphosate pour 5 ans n’est pas le résultat que nous espérions, mais c’est un nouveau départ – pour un avenir sans pesticides toxiques en Europe et pour une agriculture plus saine.

Et le combat ne s’arrête pas là. Nous avons réunis de nouvelles preuves et la semaine prochaine, avec nos partenaires, nous déposerons plainte auprès des procureurs en Autriche, en Allemagne, en France, en Italie et au Portugal. Nous devrons nous assurer aussi que la France tienne bien ses promesses de mettre fin au glyphosate d’ici 3 ans malgré la pression des lobbys de l’agrochimie qui n’ont pas tardé à exprimer leur opposition et à se mettre en ordre de bataille.

Et nous étudions les possibilités pour soutenir de nouvelles recherches scientifiques indépendantes afin de prouver la cancérogénicité du glyphosate. L’Allemagne est encore toute retournée par sa prise de position de dernière minute en faveur du glyphosate alors qu’Angela Merkel vient de désavouer ce vote [8] ; nous suivrons la situation de près pour voir si cette situation chaotique peut nous offrir une fenêtre d’opportunité…

Pour le bien de notre communauté, le combat pour une Europe sans pesticides est un combat que nous comptons bien gagner – quoi qu’il en coûte. Au sein de l’équipe WeMove, il nous tient à cœur de relever ce défi – et aujourd’hui, nous avons besoin de savoir si nous pouvons compter sur vous dans cette bataille et si vous pouvez faire un don régulier de quelques euros chaque semaine pour y parvenir. C’est grâce à votre soutien et à vos dons réguliers que nous pouvons agir le plus rapidement et efficacement possible quand le besoin s’en fait sentir, et que nous pouvons continuer à lutter contre Monsanto et son herbicide phare aujourd’hui et dan les mois et les années à venir. Faites un don et aidez-nous à poursuivre le combat !

Merci,

Mika (Bordeaux), David (Brussels), Doina (Bucharest), Julia (Warsaw), Joerg (Lübeck), Olga (Bologna), Virginia (Madrid), et le reste de l’équipe WeMove.EU